15 juillet 2006

L ' Evadé Prisonnier





Au bout d'une rue sans issue, l'enfant s'arrêta.
(Le ciel le ciel le ciel était gris ce jour là )

Il courait après ses sentiments que le temps avait balayés d'une rafale un peu cruelle qu'il ne rattraperait sûrement pas.
(Et le vent soufflait comme si son existence en dépendait)

Il resta là à contempler l'immensité d'un mur, cette limite matérielle à son corps et son coeur qu'il aurai voulu traverser.
(La pluie tombait en trombe et nettoyait les trottoirs dépotoirs)

Son visage lunaire de pantin désarticulé sembla alors inhabité. La folie ordinaire l'avait quitté.
(Les voitures éclaboussaient volontairement les piétons )

Et puis une voix. Des gens qui accourent. Mais le temps est passé. L'enfant a grimpé, glissé. Son sang s'est vidé, maintenant.
(Et les ombres fremissaient en pressant le pas )

Ces sentiments, il les aura finalement récupérés, humide mais encore vivant l'espace de cet instant.
(Le deluge poussa vers les refuges les réfugiés)

Alors, il reviendra s'asseoir un soir aux pieds des briques entassées, tiendra dans ses mains l'histoire sans fin.
(Mais bientôt chacun reprendra son chemin)

Il y aura dans sa venue comme un air de déjà vu, mais de son enveloppe matérielle, de son corps réel inexistant à présent , l'Enfant Lune franchira cette fois le mur du temps.
(La prochaine averse se fait pourtant sentir, elle n'est pas bien loin )

Mais il ne sera plus là pour ressentir ce qu'il aurai vécu, réellement. Comme un évadé du passé, prisonnier du moment présent.
(Et cette pluie à tout lavé ).


























© Misha Gordin


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