4 janvier 2007

Estompe




Sans mes lunettes
J’vois que tes couleurs, un peu floues sur ta silhouette,
J’vois pas tes yeux, pas ta bouche,
J’vois pas trop ce que tu fais ni ce que tu touches
Mais j’t’observe si fort que je cerne un peu mieux ton corps.
Je choppe les mouvements, l’élan des mouvements,
J’appréhende le monde comme un grand dessin estompé, un film brumeux où tu ne ferai que danser.
Y‘a pas vraiment d’limites à ton identité, pas d’limites sous mes pieds non plus, j’pietine les détails qui affluent autour de nous,
Et j’mets tout mon cœur à ne plus rien voir du tout.
Mais toi t’es là quand même alors mes yeux se cachent et te sèment, un peu
J’vois tes couleurs, j’vois pas tes yeux
J’sais pas d’où viens ta voix parce que j’vois pas ta bouche, j’imagine juste des petits bouts de mots qui s’envolent d’entre tes lèvres rouges.
Moi comme ça, ça me va, j’avale plus de couleuvres.

Mais j’ vois tes couleurs et ça bouge
Et les bords s’échappent,
L’espace devient alors un grand portrait abstrait, j’me suis planté.
On m’avait dit « l’amour est aveugle »
J’avais répondu « ça se saurait ».





photo: © Eric Tellier