27 juillet 2006

n o n a m e o n e





« Un peu de douceur » je lui disais « comme le temps qui coule dans le sablier ».
Il y avait ces couleurs, tout un dégradé au dessus de nos tête, du vert souvent vif agité par le vent. Il y avait ces cheveux roux colorés, petites mèches ensoleillées par moment parcourut de reflets dorés.
« Le vent chatouille la nature on dirait, regardes-là se tortiller ! » il remarquait, « crois–tu qu’il serai capable de me débarrasser de ma colère ? »
Je ne savais pas trop.
J’écoutais un peu sa voix un peu ses yeux un peu tout et n’importe quoi, lui et rien à la fois. Et puis … « viens voir ! » je m’écriais, « regardes cet arbre ! Tu m’aides à grimper ? »
- « Pourquoi ? »
- « Juste parce que s’il te plait »
Je n’ai jamais été très douée pour les explications, peut être que je n’en avais pas vraiment, ou si, particulièrement à ce moment là je me suis dit que là haut je me rappellerai de sa question.
Sur le chemin, les branches des arbres étaient arquées, cette particularité qu’on aurai dit répétée à l’infini, avait créé une voûte organique, tunnel végétal, un truc banal pour l’endroit. C’est juste qu’on ne voyait plus le ciel.
Je suis monté à l’arbre.
Très haut.
Par-dessus la voûte.

« Qu’est ce que tu vois ? » il m’interrogea, et moi gentiment je me moquais « Le ciel imbécile ! qu’est ce que tu crois ? »
- « Bien sur, bien sur que tu vois le ciel, mais comment il est ? »
- « Peut être …peut être que tu devrai venir voir par toi-même, je crois qu’il te plaira »
- « Je préfère que tu me racontes »
- « Eh bien …c’est un grand désert à l’envers, un désert de coton tout blanc et immensément plat »

Il ne répondit pas. Pendant ce temps moi, je me rappelais de sa question, alors je lui soufflais « C’est peut être là dedans que tu pourrai étouffer ta colère. »

24 juillet 2006

Lignes d' horizons

C’est une très longue ligne directrice, une courbe qui se prolonge, le fil d’un songe. C’est une ligne souple qui s’allonge, une corde dont le bout s’est contorsionnée, s’élève ou plonge avant d’être nouée. Ce sont les marquages en pointillés d’une route en lacet.
Ce sont toutes nos avancées et tout nos arrêts (toutes nos pensées, tout nos regrets)
Ce peut être lui.
Ce peut être nous.
Celui qui se suis ou bien ceux qui s’avouent. Je veux dire Moi et Toi, mais je te laisse le choix.
Il y a une infinie richesse à chercher des directions, des sens pour couper ces cordons. Il y a une simple détresse à s’attacher autant à certaines relations.

En ce moment l’idéal se prête à confusion pendant que l’inégal recolte l’aversion. Au fil de nos erreurs pourtant, se fissurent se défont nos chaînons.
L’instant présent est à l’abandon. En longueur alors, tout s’emmêle pêle-mêle entre anges et démons.
Trop de ficelles qui s’emmêlent, des pieds jusqu'à nos têtes, nous propre-marionettes.

C’est une ligne dans une main, comme une trace de destin, ou une ligne oubliée d’un récit du passé. Elle peut être n’importe quelle sorte, n’importe quelle escorte,
Ce peut être une vie (ou un message inachevé).
Une continuité de point à relier.




© Ilan Amihai

18 juillet 2006

HEY KID

Fort Summer



Le désert comme terrain de jeu
Guerre de clan, Guérilla
Et Coups de feu.
Mais Toi ? Où tu courrais comme ça ? Billy sous ce soleil de plomb, entre le plomb des balles.
En rafale.
Ta légende laissait des traces dans la poussière. Derrière toi.
Au carrefour des frontières t’étais tout et rien à la foi, héro hors la loi des espaces désertiques, figure historique engagé dans des guerres de Comté, ta tête était mise à prix Billy pourtant t’aura bien finit par t’échapper. Genre identique aux ressuscités.
Une dernière fois.
Tu relançais les dès.

Dans le désert
Des cavaliers
Des histoires qui se perdent, des cavales qui commencent. Et la mort arbitre.
L’Histoire ouvre un nouveau chapitre.
Billy au milieu de tout ça, comme un gamin trop fier, comme un commanditaire de vendetta, t’as laissé ta légende parler pour toi.
Après tout, l’eau coule sous les ponts et inonde. Même au Nouveau Mexique. Même si… ton nom gravé, au pic sur une tombe. Billy.

C'est bien l’encre sur le papier qui t’aura enterré. Celle de Pat Garrett le premier.
Car Fort Summer, Kid te cachait encore, sûrement abîmé mais pas mort ?
(Remember) 13 juillet 1881, de quelle couleur était la nuit pour toi, ce soir là ?
« The radio that told me about the death of Billy The Kid » *
Et là bas, là bas dans le desert: pas encore ?






*
« C’est la radio qui m’a apprit la mort de Billy The Kid
(Un jour d’été brûlant, un jour avec des oiseaux dans le ciel)
Imaginons une frontière – un poème où quelqu’un pourrait se cacher avec la troupe d’un sheriff à sa poursuite – à mille kilomètres s’il faut qu’il fasse mille kilomètres – un poème sans tournants brusques, ni maisons pour si perdre, sans la trame magique ordinaire, sans Juifs new-yorkais marchand de pyjamas améthyste, rien qu’un endroit ou Billy pourrait se cacher et tirer sur les gens.
Jardins des supplice ou montagnes russes – C’est la radio
Qui m’a apprit la mort de Billy The Kid »

- Extrait du livre de Jack Spicer, Billy The Kid -

15 juillet 2006

L ' Evadé Prisonnier





Au bout d'une rue sans issue, l'enfant s'arrêta.
(Le ciel le ciel le ciel était gris ce jour là )

Il courait après ses sentiments que le temps avait balayés d'une rafale un peu cruelle qu'il ne rattraperait sûrement pas.
(Et le vent soufflait comme si son existence en dépendait)

Il resta là à contempler l'immensité d'un mur, cette limite matérielle à son corps et son coeur qu'il aurai voulu traverser.
(La pluie tombait en trombe et nettoyait les trottoirs dépotoirs)

Son visage lunaire de pantin désarticulé sembla alors inhabité. La folie ordinaire l'avait quitté.
(Les voitures éclaboussaient volontairement les piétons )

Et puis une voix. Des gens qui accourent. Mais le temps est passé. L'enfant a grimpé, glissé. Son sang s'est vidé, maintenant.
(Et les ombres fremissaient en pressant le pas )

Ces sentiments, il les aura finalement récupérés, humide mais encore vivant l'espace de cet instant.
(Le deluge poussa vers les refuges les réfugiés)

Alors, il reviendra s'asseoir un soir aux pieds des briques entassées, tiendra dans ses mains l'histoire sans fin.
(Mais bientôt chacun reprendra son chemin)

Il y aura dans sa venue comme un air de déjà vu, mais de son enveloppe matérielle, de son corps réel inexistant à présent , l'Enfant Lune franchira cette fois le mur du temps.
(La prochaine averse se fait pourtant sentir, elle n'est pas bien loin )

Mais il ne sera plus là pour ressentir ce qu'il aurai vécu, réellement. Comme un évadé du passé, prisonnier du moment présent.
(Et cette pluie à tout lavé ).


























© Misha Gordin


4 juillet 2006

Pieds Nus





















Les lacets s’entortillent autour de sa cheville et le retiennent, ils disent « ne marches pas sur les braises » et il ne les écoute pas. Ils disent « ne t’éloignes pas », il ne les écoute plus. Le soleil parle aussi il dit « je te ferai fondre » mais lui est loin d’être un glaçon, même avec toute ces voix à ses talons.
Alors il interroge son âme qui répond « tu es tout et rien à la fois, cours et tu te rattrapera ». Finalement il se dit à lui-même « mon corps me sert à expérimenter la matière ». Maintenant il sait qu’il est un morceau de la clef du monde.
Sur l’escalier de l’invisible, il remarque : trois marches à grimper en premier, huit à l’arrivée. En haut la porte parle enfin et conclue « je ne m’ouvrirai qu’une fois tout ceux qui le veulent arrivés, alors … prend le temps qu’il te faudra pour évoluer ».