28 décembre 2007

Dreamcatcher




La rue est déserte, comme si la nuit noire avait happé toute vie humaine.
Seules brillent les guirlandes, les milles ampoules tendues entre les façades, enroulées sur les arbres.
Rien ne bouge sinon les lumières clignotantes de Noël.
C’est une nuit froide, une nuit morte dans laquelle le garçon avance.
Lentement.
L’air glacé lui brûle le visage et le force à fermer les yeux. Les clignotements lumineux pourtant ne disparaissent pas de son esprit.
Dans sa tête ils se transforment en warning de voitures accidentées contre les murs environnant, sans bruit, sans dégâts apparents, juste des carcasses floues, en apesanteurs, à l’avant compressé contre les pierres des maisons.
Comme une image presque douce du chaos, figée sur son passage.

Puis il rouvre les yeux, le village est toujours endormi.
Il contemple alors le calme, l’immensité de l’espace engendré par le silence de la nuit.
C’est un bon anesthésiant pour le chaos de son esprit, la nuit.
Là haut, Très loin au dessus de sa tête, la lune est pleine et blanche et les étoiles se joignent aux guirlandes pour guider ses pas sur le sol cristallisé par le gel ; une immensité blanche aux portes de la ville, pure et féerique.



Le garçon est seul.
C’est un rendez vous avec lui-même et aussi avec les forces de la nature.
Balayant les peurs qui s’accrochent maintenant aux silhouettes sombres des arbres, il traverse les bois et s’arrête au milieu d’un champ de cristaux immaculé.
Le garçon pense à la solitude, la sienne, son alliée. Ce soir il la regarde en face et s’aperçoit de l’étendu de sa force et de sa beauté.
C’est dans la solitude que le garçon rêve, et avance.
Sous la grande Lune qui l’observe, il scrute encore un peu les lumières de la ville, dévorant des yeux chaque point coloré, chaque formes qui s'en détache.
Enfin il se laisse tomber dans l’herbe blanche.

Quand il rouvre les yeux pour la dernière fois, ce n’est plus du givre mais un champ de blé laiteux qui entoure son corps. L’air doux mais vif annonce la fin de l’été.
Le jour tombe.
Le garçon reste là, allongé immobile. Ses yeux clignent par intermittence. Son esprit vagabonde ailleurs, cherchant à détacher le rêve de la réalité.


Mais les sensations sont fragiles.



© ? © TROYEK (Come away with me)


BANDE SON :
Nick Cave & Warren Ellis ♦ Falling
The Assassination of Jesse James ... (soundtracks)